[Glané] Autour de Pierre Legendre et des fantômes de l'État managérial
Les questions politiques méritent des pensées à la hauteur des événements qui dessinent les contours de notre époque. Elles ne courent pas les rues. Pierre Legendre propose avec son dernier ouvrage – "Fantômes de l'État en France", publié en avril 2015 chez Fayard dans la collection Les quarante piliers, qu'il dirige lui-même – de reprendre à nouveaux frais la question de la forme du gouvernement moderne. À la mesure de la Révolution managériale initiée dans les années 1980, l'ancienne figure du pouvoir a été remplacée par une forme de gouvernance gestionnaire à l'œuvre dans les fonctions décisives de la politique française.Agrégé de droit romain, directeur de la section "sciences religieuses" de l'École pratique des hautes études, psychanalyste, Pierre Legendre est à la fois l'un des esprits majeurs de notre époque et l'un des plus complexes. Esprit majeur, en ce que son travail, dense et de longue haleine, ne vise rien de moins qu'à élaborer une "archéologie" textuelle, juridique et religieuse de l'histoire occidentale, depuis l'Empire romain jusqu'à nos jours. Esprit complexe, en ce qu'il fonde lui-même son propre champ disciplinaire, autour de concepts phares qu'il renouvelle à l'aune de sa propre pensée : la filiation, la techno-science, l'institution et les sciences de la gestion.
Sa notice Wikipédia précise que Pierre Legendre serait « perçu par le milieu intellectuel français comme un conservateur » [i] ; sa récente prise de position contre le mariage homosexuel venant renforcer cette idée. Du point de vue des lignes politiques bien tracées dont les partis de gouvernement usent toujours, Legendre fait figure d'objet non identifiable, politiquement inclassable. On le trouve cité tantôt par le poète Michel Deguy (qui n'a strictement rien d'un "conservateur") [ii], tantôt pris comme référence par une équipe de jeunes philosophes élaborant, à sa suite, une philosophie critique du Management. C'est en effet cette dernière expression de sa pensée – la pensée du Management avec une capitale, non seulement comme idéologie mais comme "Empire", et comme une métaphysique, voire une religiosité – qui lui vaut d'être (relativement) connu par le grand public érudit. Son magnifique documentaire, L'Empire du Management, participe également de sa renommée.
Décomposition de l'État
En avril 2015 paraissait chez Fayard son dernier opus, Fantômes de l'État en France – Parcelles d'histoire. Le titre et le sous-titre suffisent à résumer ce dont il est question. L'État y est interrogé d'une manière novatrice et particulièrement pertinente. Au centre de toutes les discussions politiques sérieuses, le problème de la forme étatique et de ses ramifications ne cesse de se poser. Cependant, sa mise en cause tombe trop souvent dans le piège d'une alternative binaire, héritée du XXe siècle, qui ne tient pas compte de la nouvelle donne moderne.
On trouve (presque) toujours, d'un côté, des militants libéraux prônant le "dégraissage" des institutions publiques jusqu'à la possibilité de voir enfin l'État réduit à ses plus strictes fonctions régaliennes – simple garant de l'ordre public et, plus encore, du maintien de la liberté des individus à se livrer au commerce sans entrave (le rêve du libre-marché absolu). De l'autre côté, les intellectuels pourvus d'un minimum de conscience sociale prônent le retour à un État fort, doté de moyens accrus pour le renforcement des services publics, de la redistribution et de la solidarité en faveur des plus démunis. Ces deux faces d'une même pièce poursuivent inlassablement un débat voué à être éternel, et duquel tirent parti les hauts fonctionnaires mouillés jusqu'à la mœlle dans les intérêts des grandes entreprises privées, tout en bénéficiant du prestige et du salaire élevé que leur fournit l'État. Ce genre de figures est légion. Le livre de Geoffrey Geuens, La Finance imaginaire, édité chez Aden en 2011, dresse un édifiant petit who's who mettant au jour les connivences étroites entre diverses personnalités politiques de premier plan et les acteurs du grand capital.
« L'instance étatique dépérit au profit d'une nouvelle forme de structuration par le haut, d'un nouveau pouvoir : celui de la gestion administrative et experte, de la planification techno-scientifique de l'espace-temps humain. »
Bien que sans issue, ce débat s'appuie sur la décomposition de la forme étatique dans tous les sens du terme : déperdition de son prestige, de son mythe, de son efficace. Le marxisme avait misé sur un tel délitement, mais il ne pouvait sans doute pas prévoir le contexte dans lequel celui-ci se produirait, ni l'événement qui en serait à la fois le déclencheur et le révélateur. L'instance étatique dépérit au profit d'une nouvelle forme de structuration par le haut, d'un nouveau pouvoir : celui de la gestion administrative et experte, de la planification techno-scientifique de l'espace-temps humain ; un pouvoir autrement connu sous son appellation anglophone de management. La figure traditionnelle de l'État fait place à la suprématie du Management, vers laquelle il assure lui-même la transition. C'est ce que traduit notablement le changement de vocable de "gouvernement" à "gouvernance", et ce qu'illustre décisivement la mainmise des diplômés issus de l'École nationale d'administration sur les institutions étatiques – dont le cursus est complété, la plupart du temps, par un passage dans les plus importantes écoles de commerce et de "sciences de la gestion".
Vers le régime de l'administration
Est-ce à dire que l'État en France, en tant qu'entité centrale, unificatrice et surplombante, l'État tel qu'on le connaît depuis le XVIIe siècle environ, entrerait désormais dans une pure néantisation, et qu'il ne se réduirait bientôt plus qu'à des fragments de témoignages, recueillis au fil d'une somme de manuscrits du passé, à archiver aux côtés d'autres périodes politiques comme celles de l'Empire colonial français ou du Saint-Empire romain germanique ? La rigueur oblige à ne pas tomber dans ce qui s'apparenterait à de la futurologie très en vogue aujourd'hui à travers des figures extrêmement influentes comme Jacques Attali, Alain Minc ou encore, à ses heures et en bien moins dangereux, Emmanuel Todd. La question de Pierre Legendre est celle de notre contemporanéité et des conditions qui nous permettent de la penser, d'en esquisser les contours de l'intérieur. L'État en France est donc pensé, non comme inexistant, ni même comme entité en perte d'existence, mais comme instance productrice de fantômes. Étant entendu, au moins depuis Jacques Derrida, que les fantômes existent, et qu'il n'est nullement question de spiritisme dans cette assertion [iii].
« Sommes-nous gouvernés par autre chose que par des fantômes ? »
Il faut donc comprendre, en premier chef, et de façon plus pragmatique, que le nouveau régime de l'administration [iv] ne se substitue pas au régime de l'État, à la manière dont la république s'est substituée à la monarchie : il le prolonge et lui succède à la fois, et ce faisant, il le transforme et en importe les représentations. Ainsi, au début de l'ouvrage : « Qu'est-ce qui fonde cette histoire dont la science administrative actuelle est le dernier rameau, si ce n'est la formation/transmission d'un système cohérent de références ? Entendons par là l'ensemble des données de tous ordres constitutives de la civilisation au sein de laquelle s'est déployé en France le phénomène de l'État. [Il s'agit de] ce qui, du fond de la région des ombres, demeure représentable à la conscience commune de notre époque. »
Ce que l'auteur nomme poétiquement "la région des ombres", c'est ce que nous pourrions appeler plus prosaïquement l'imaginaire collectif, ou le politique envisagé sous l'angle du symbolique. Des instances qui façonnent les rapports de pouvoir depuis l'inconnu du texte administratif, et qui les façonnent d'autant plus qu'elles restent impensées. Des fantômes.
« Les fantômes de l'État sont [les phénomènes] à travers lesquels l'histoire et la pré-histoire de la forme étatique moderne […] et de ses institutions apparaissent dans l'imaginaire collectif, et hantent de fond en comble les champs du pouvoir officiel. »
Fantômes de l'État
Qu'est-ce qu'un fantôme ? Dans sa définition la plus stricte, c'est une figure qui apparaît et qui hante, ou la figuration d'une hantise. L'un de ses synonymes est "revenant", qui enrichit sémantiquement le terme, au sens où la figure du fantôme est une figure déjà connue, qui appartient au passé, qui ne se contente pas de survenir tout à coup, mais qui se comprend sous le mode du retour. La hantise est, avant tout, le phénomène d'une sempiternelle réitération, éprouvée ou appréhendée non sans inquiétude. D'un point de vue littéral, le fantôme est constitutif d'une apparition, il est ainsi un "apparaissant". Ainsi, la question de savoir si oui ou non les fantômes existent est un faux problème : ils existent, non au sens où l'existence d'une chose dépend de sa présence tangible, en chair et en os, mais au sens où ils apparaissent, se produisent et (se) figurent, au moins sous un aspect symbolique, de sorte à compter ou à officier dans l'ordinaire de nos existences. Phantasmes, phénomènes, représentations, etc. La notion de fantômes désigne une dimension réelle et déterminante de l'existence, fût-elle fragmentée dans une multiplicité d'expériences plus ou moins conscientisées, et dont les contours peuvent être bien difficiles à définir.
Les fantômes de l'État sont d'ordre politique et historique. Ils traduisent les phénomènes à travers lesquels l'histoire et la pré-histoire de la forme étatique moderne – centraliste et unitaire – et de ses institutions apparaissent dans l'imaginaire collectif, et hantent de fond en comble les champs du pouvoir officiel. Les orientent secrètement. Cette hypothèse complexe traverse l'ouvrage, irréductible aux communications du prêt-à-penser que les médias favorisent et auxquelles ils cherchent à nous accoutumer, cette "République des idées simples" dont Pierre Legendre se préserve explicitement.
L'auteur trace une "archéologie" des savoirs et des techniques administratives via l'étude de leurs textes fondateurs (principalement juridiques) qui, mis bout à bout, forment ensemble, en quelque sorte, le "grand récit" de l'histoire de l'État. Cette archéologie ne saurait demeurer tout à fait neutre ou objective, dans la mesure où elle est elle-même une donnée déterminante de la subjectivité contemporaine. Ainsi, l'archéologie se veut-elle inévitablement critique au regard de son degré d'implication dans l'affaire. Les fantômes donc, que sont-ils plus précisément au fin mot de cet ouvrage ? Sont-ils les productions d'une histoire juridique et politique de l'État et de son contexte civilisationnel, ayant pour effet d'apparaître et de hanter les lignes d'orientation du régime actuel – la bureaucratie libérale [v] qui tend désormais à s'établir univoquement ? Ou sont-ils, à revers, les fantômes que produirait notre présent politique lui-même, et notamment les fantômes de l'administration ? Deux possibilités qu'il ne s'agit pas de trancher mais de tenir ensemble. Comme tenues par une seule question, au centre : sommes-nous gouvernés par autre chose que par des fantômes ?
« L'État est à la fois matrice, protecteur et garant du régime qui annonce sa dépossession ou la captation intégrale de ses moyens. »
L'ouvrage tend à répondre par la négative, avec une nuance cependant. L'État persiste in fine à tenir debout, à préserver sa vieille bâtisse, non dans l'illusion de sa renaissance ou du recouvrement de son efficace séculaire, mais pour mettre le champ de forces dont il dispose au service du projet managérial, pour le préserver, l'accroître et le défendre alors même que ce projet vise à le supplanter. L'État est à la fois matrice, protecteur et garant du régime qui annonce sa dépossession ou la captation intégrale de ses moyens.
Une "hantologie" méta-politique
Pierre Legendre ne professe aucune doctrine et ne se réclame pas tant de la philosophie que du travail de l'historien, de l'archiviste, et d'une proximité singulière, presque psychanalytique, avec les textes qui précèdent et précisent le cadre dans lequel s'élaborent progressivement nos systèmes juridiques, nationaux et internationaux. Il partage avec les grands philosophes la conviction que certains facteurs influencent le cours du monde d'un point de vue analogue à la façon dont les lois régissent les institutions. La réalité du pouvoir peut ainsi s'interpréter sous l'angle d'une "légalité", tel un système de lois dont une large part demeure implicite. Un implicite dont il se fait l'historien et dont on peut déceler les traces et les reproductions à moindre échelle, mais auquel une part occulte demeure consubstantielle, de sorte qu'on ne peut en démontrer ou en démonter les rouages une fois pour toutes.
Le discours de Pierre Legendre est méta-politique, étant entendu que méta ne signifie pas un "au-delà" mais une traversée. Sa méthode consiste à retracer les évolutions et glissements de sens du concept administratif, du Moyen Âge au XXIe siècle. Elle a cependant des limites. On pourrait considérer que son aspect systémique et englobant délaisse parfois l'analyse patiente et minutieuse au profit de quelques considérations de survol. Mais ce serait négliger l'ensemble des publications et des travaux de Pierre Legendre en amont, et des travaux initiés au sein de son propre laboratoire de recherche, le laboratoire européen pour l'étude de filiation, au nom de la discipline qu'il a lui-même fondée. C'est une méthode qui parvient effectivement à son but : nous fournir une boussole pour la traversée des symboles politiques au cours des âges. Jacques Derrida en avait formulé le nom, celui d'une science impossible qu'il appelait de ses vœux : une science des spectres, une "hantologie".
Le Management comme globalité
Quant à la question du devenir du centralisme étatique en science de l'administration, en Management, le mieux est de donner la parole directement à celui qui s'en fait le spécialiste.
« Le Management est un terme générique. En son principe, il concerne l'organisation et la gestion de l'entreprise. En réalité, non seulement il domine le fonctionnement administratif des États, mais il s'est emparé des esprits, s'infiltre dans la vie des individus et des communautés. Or, si l'on admet que le Management accompagne l'expansion planétaire de la techno-science-économie, force est de reconnaître une conséquence inéluctable : le Marché prend soudain un statut hyperpolitique. Fonctionnant sur un mode quasi souverain, il absorbe les formes traditionnelles de l'absolutisme et, par le jeu de la gouvernance (terme témoin du déclin de l'idée de gouvernement), est érigé en une sorte de raison d'État universelle, affectant toute forme de res publica. Dans cette perspective, le Management est le bras armé du marché. »
Toutefois, l'auteur ne tombe pas dans le délire futurologue.
« Nul ne sait ce qu'il adviendra à long terme de la Révolution managériale détectée au tournant de la Seconde Guerre mondiale par James Burnham et les milieux éclairés. L'évolution symétrique de la planification soviétique et du rationalisme calculateur occidental (poussée à la radicalité par l'efficacité organisationnelle du système nazi), met en évidence le trait guerrier du Management, bien adapté à l'univers concurrentiel de l'économisme libéral généralisé. […] De surcroît, au fil d'un demi siècle d'idéalisation sociale de l'efficience, au sens positiviste du terme, le Management est devenu un mode de pensée comparable à ce qui résulte d'une conversion religieuse de masse. »
Nos Desserts :
- Un excellent article du Labyrinthe sur les « pensées fantômes » de Rancière et Derrida
- Les entrées "Spectralité, hantise" dans le Derridex
- Un lien YouYube vers L'Empire du Management, le fameux film de Pierre Legendre
- Un bon récapitulatif, très sérieux, des études critiques en management dans la revue Communication
Notes :
[i] Ou bien est-ce la vision plutôt "continuiste" de l'histoire, sous-jacente aux travaux de Legendre, qui autorise encore cette qualification ? Les agents wikipédiens, habituellement si vigilants et prompts à sourcer le moindre jugement de valeur (même indirect), n'ont pas estimé nécessaire cette fois de notifier l'absence de citation précise.
[ii] Cf. Deguy, L'impair, Tours, 2000.
[iii] Cf., notamment, Derrida, Spectres de Marx, Paris, 1993.
[iv] Legendre opte assez rapidement pour le terme d'Administration avec un grand A, qui traverse les âges, pour qualifier l'expansion spécifiquement française des sciences et des techniques managériales, depuis leur avènement dans la modernité classique jusqu'à leur absolutisme actuel.
[v] Le mot "bureaucratie" s'est d'abord imposé en France, rappelle Legendre.
[グラネ] ピエール・ルジャンドルと管理国家の幽霊の周り
2015年11月9日にLe Comptoirのウェブサイトで「ピエール・ルジャンドルと共に、経営国家の幽霊を追跡しよう」というタイトルで公開されたの記事の再開
ローマ法のアソシエイト、エコール・プラティック・デ・オート・エチュードの「宗教科学」セクションのディレクター、精神分析家、ピエール・ルジャンドルは、私たちの時代の主要な心の1つであり、最も複雑な心の1つです。主要な精神は、密集した長期的な彼の作品は、ローマ帝国から現在まで、西洋史のテキスト的、法的、宗教的な「考古学」を開発することを目指しています。複雑な心は、彼自身が彼自身の考えに照らして更新する旗艦概念を中心に、彼自身の規律分野を見つけました:フィリエーション、テクノサイエンス、機関、経営科学。
彼のウィキペディアの通知は、ピエール・ルジャンドルが「フランスの知的環境から保守派として認識される」と規定している[i]。同性婚に対する彼の最近の立場は、この考えを強化する。政府関係者がまだ使用している明確に定義された政治的境界線の観点から、ルジャンドルは識別不可能で政治的に分類不可能なオブジェクトです。それは時々詩人ミシェル・デギー(厳密には「保守的」ではない)[ii]によって引用され、時には経営の重要な哲学を発展させ、彼に従って成長する若い哲学者のチームによって参照として取られます。確かに、彼の考えのこの最後の表現は、イデオロギーとしてだけでなく、「帝国」としてだけでなく、形而上学として、さらには宗教として、資本を持つ経営の考えであり、一般的な博学な大衆によって(比較的)彼を獲得しました。彼の壮大なドキュメンタリー「経営の帝国」も彼の名声に貢献している。
国家の分解
2015年4月、Fayardの最新作品、Fantômes de l'Etat en France - Parcelles d'histoireがFayardから出版されました。タイトルとサブタイトルは、問題の内容を要約するのに十分です。州は革新的で特に関連性のある方法で疑問視されている。すべての深刻な政治的議論の中心で、国家形態の問題とその影響は引き続き生じている。しかし、その質問は、新しい現代の状況を考慮に入れていない20世紀から受け継がれたバイナリ代替案の罠に陥ることが多すぎます。
一方で、州が最終的に最も厳格な主権機能に減少する可能性を見る可能性が(ほぼ)常に(ほぼ)公共機関の「脱脂」を提唱するリベラルな活動家がいます - 公序良俗の単純な保証人、さらに、障害なく貿易に従事する個人の自由を維持すること(絶対的な自由市場の夢)。一方、最低限の社会的良心を持つ知識人は、公共サービス、再分配、最も貧しい人々のための連帯を強化する手段を増やし、強い国家への復帰を提唱しています。同じコインのこれらの2つの側面は、永遠である運命にある議論を精力的に追求し、国家から提供された威信と高い給料を楽しみながら、大手民間企業の利益のために濡れている高官に利益をもたらします。この種の姿は軍団です。2011年にアデンによって出版されたジェフリー・ゲアンの著書「ラ・ファイナンス・イマジネア」は、様々な有力政治家と大資本主者の間の密な共謀を明らかにする啓発的な小さな人を引き出します。
「国家機関は、新しい形の上向きの構造化、新しい力、行政および専門家の管理、人間の時空の技術科学的計画を支持して枯れています。»
絶望的ですが、この議論は、その威信の喪失、神話、有効性など、あらゆる意味で国家形態の分解に基づいています。マルクス主義はそのような崩壊に賭けていたが、おそらくそれが起こる文脈や、引き金と明らかに者の両方となる出来事を予見できなかっただろう。国家機関は、新しい形の上向き構造化、新しい力を支持して枯れています:行政および専門家の管理、人間の時空のテクノ科学的計画。そうでなければ、その英語を話す管理名で知られている力。州の伝統的な人物は経営の覇権に道を譲り、彼自身が移行を保証します。これは、「政府」から「ガバナンス」への変更と、最も重要なビジネススクールと「経営科学」への訪問によってカリキュラムが完成する国家機関に関する国立管理学部の卒業生のグリップによって決定的に示されているものに特に反映されています。
行政体制に向けて
これは、フランスの国家が中央、統一され、張り出した実体として、17世紀から知られている州は、今では純粋な無に入り、すぐに過去の写本の合計で収集された証言の断片に縮小され、フランス植民地帝国や神聖ローマ帝国などの他の政治時代と一緒にアーカイブされることを意味しますか?厳格さは、ジャック・アタリ、アラン・ミンク、または余暇にははるかに危険ではないエマニュエル・トッドなどの非常に影響力のある人物を通じて、今日非常に人気のある未来学に似ているものに陥らないことを義務付けています。ピエール・ルジャンドルの質問は、私たちの同時代性と、私たちがそれについて考え、内側からその輪郭をスケッチすることを可能にする条件です。したがって、フランスの国家は存在しないものではなく、存在を失った実体としても、幽霊を生み出す権威として考えられています。少なくともジャック・デリダ以来、幽霊が存在し、この主張にスピリチュアリズムの疑問がないことを理解されている[iii]。
「私たちは幽霊以外に統治されていますか?»
したがって、そもそも、そしてより実用的な方法で、新しい政権政権[iv]が国家政権に取って代わるものではなく、共和国が君主制に取って代わった方法を理解する必要があります。同時に拡張して継承し、そうすることで、それを変換し、その表現をインポートします。したがって、本の冒頭で:「参照の一貫したシステムの形成/送信を除いて、現在の行政科学が最後の枝であるこの歴史の基礎は何ですか?これとは、国家の現象がフランスで繰り広げられた文明を構成するすべての命令のすべてのデータを意味します。これは、影の領域の底から、私たちの時代の共通の意識を代表しているものです。»
著者が詩的に「影の領域」と呼ぶのは、私たちがより平凡に集団的想像力、または象徴主義の観点から考慮される政策と呼ぶことができるものです。行政テキストの未知のものから権力関係を形作り、考えられずにそれらをさらに形作る体。幽霊。
「国家の幽霊は、現代の国家の歴史と先史時代を形成し、その機関が集団的想像力に現れ、公式権力の分野を上から下まで出没させる[現象]です。»
国家の幽霊
幽霊とは何ですか?その最も厳しい定義では、それは現れて出没する人物、または幽霊のフィギュレーションです。その同義語の1つは、幽霊の姿が過去に属するすでに知られている人物であるという意味で、意味的に用語を豊かにする「リターン」であり、突然起こるだけでなく、リターンモードで理解されています。幽霊は、何よりも、心配することなく、テストまたは逮捕された永遠の繰り返しの現象です。文字通りの観点から見ると、幽霊は幻影を構成するので、それは「現れる」です。したがって、幽霊が存在するかどうかの問題は誤った問題です。物の存在がその具体的な存在、肉と血に依存するという意味ではなく、少なくとも象徴的な側面に現れ、出現し、(be)現れるという意味で存在し、私たちの存在の普通で数えたり、司会したりします。ファンタズム、現象、表現など。幽霊の概念は、多かれ少なかれ意識的な経験の多重度に断片化されていても、その輪郭を定義するのが非常に困難であっても、存在の現実的で決定的な次元を指します。
国家の幽霊は政治的、歴史的だ。彼らは、現代国家形態の歴史と先史時代(中央集権主義者と単一)とその機関が集団的想像力に現れる現象を翻訳し、公式権力の分野に完全に悩まされています。彼らを密かに導く。この複雑な仮説は、メディアが促進し、彼らが私たちに慣れさせようとするすぐに考えるべきコミュニケーションには還元できない本を通して、ピエール・ルジャンドルが明示的に自分自身を保存するこの「シンプルなアイデアの共和国」。
著者は、国家の歴史の「偉大な物語」をまとめて形成する彼らの創設テキスト(主に合法)の研究を通じて、知識と行政技術の「考古学」をたどっています。この考古学は、それ自体が現代の主観性の決定要因である限り、完全に中立的または客観的であり続けることはできません。したがって、考古学は必然的に事件への関与の程度の点で批判的になりたいと考えています。では、幽霊たちは、この本の最後にあるより正確には何ですか?彼らは国家の法的および政治的歴史とその文明的文脈の生産であり、現在の政権のガイドラインであるリベラルな官僚主義[v]に現れ、悩ます効果があり、現在は明確に確立する傾向がありますか?それとも、彼らは、私たちの現在の政策自体が生み出す幽霊、特に政権の幽霊ですか?決めることの問題ではなく、一緒に保持するという2つの可能性。1つの質問で保持されているように、中央に:私たちは幽霊以外の何かによって統治されていますか?
「国家は、その処分またはその手段の完全な捕獲を発表する政権のマトリックス、保護者、保証人の両方です。»
しかし、この本はニュアンスで否定的に答える傾向があります。州は最終的に、その再生の錯覚や何世紀にもわたる有効性の回復ではなく、管理プロジェクトのサービスで力のフィールドを自由にし、このプロジェクトがそれに取って代わることを目指しているにもかかわらず、それを保存、増加、防御するために、その古い建物を維持し、立っているままです。州は、その処分またはその手段の完全な捕獲を発表する政権のマトリックス、保護者、保証人の両方です。
メタ政治的な「ハントロジー」
ピエール・ルジャンドルは教義を公言せず、歴史家、アーキビスト、そして私たちの法的、国内、国際システムが徐々に開発されている枠組みに先行し、指定するテキストへの特異でほとんど精神分析的な近接性ほど哲学を主張していません。彼は、法律が機関を支配する方法に似た観点から、特定の要因が世界の過程に影響を与えるという信念を偉大な哲学者と共有しています。したがって、権力の現実は、法制度のような「合法性」の角度から解釈することができ、その大部分は暗黙のままです。彼が歴史家になり、その痕跡や複製をより小規模で検出できる暗黙の暗黙のうち、オカルト部分は実質的なままであるため、作品をきっぱりと実証または解体することはできません。
ピエール・ルジャンドルの言葉はメタ政治的であり、メタは「向こう」ではなく交差点を意味すると理解されている。彼の方法は、中世から21世紀にかけて、行政概念の意味の進化と変化をたどることにあります。しかし、それには限界があります。その体系的で包括的な側面は、いくつかの概要の考慮事項を支持して、患者と慎重な分析を放棄すると考えられる場合があります。しかし、それはピエール・ルジャンドルのすべての出版物を無視し、上流で働き、彼自身が設立した規律の名の下に、彼自身の研究所、フィリエーションの研究のためのヨーロッパの研究所内で開始された作業。それは効果的にその目標を達成する方法です:古くから政治的シンボルの交差のためのコンパスを提供することです。ジャック・デリダは、彼が求めた不可能な科学の名前を策定しました:幽霊の科学、「ハントロジー」。
経営陣全体
行政科学における国家中央集権主義の将来の問題については、経営陣では、自分自身を専門家にする人に直接床を与えるのが最善です。
「管理は総称です。原則として、会社の組織と経営に関係しています。実際には、それは国家の行政機能を支配するだけでなく、心をつかみ、個人や地域社会の生活に浸透しています。しかし、経営陣がテクノサイエンス経済学の世界的な拡大に伴うことを認めるなら、避けられない結果を認識しなければなりません。市場は突然過政治的な地位を増します。準主権的な方法で運営され、伝統的な形態の絶対主義を吸収し、ガバナンスゲーム(政府の考えの衰退の証人という用語)を通じて、国家の普遍的な理由の一種として建てられ、あらゆる形態のres publicaに影響を与えます。この観点から見ると、経営陣は市場の武装です。»
しかし、著者は未来的なせん妄に陥らない。
「ジェームズ・バーナムと啓発されたサークルによって第二次世界大戦の変わり目に検出された経営革命に長期的に何が起こるかは誰にもわかりません。ソ連の計画と西洋のコンピュータ合理主義の対称的な進化(ナチスシステムの組織の有効性によって急進主義に押し付けられた)は、一般化されたリベラル経済学の競争の宇宙によく適応した経営の戦士の特徴を強調しています。[...]さらに、半世紀以上の効率性の社会的理想化は、実証主義的な意味で、経営は大規模な宗教的転換の結果に匹敵する考え方となっています。»
私たちのデザート:
- ランシエールとデリダの「幽霊の考え」に関する迷宮の優れた記事
- Derridexの「Spectrality, haunting」エントリ
- YouYubeは、ピエール・ルジャンドルの有名な映画、経営の帝国へのリンク
- コミュニケーションジャーナルの重要な経営研究の良い、非常に深刻な要約
メモ:
[i]それとも、まだこの資格を可能にするのは、ルジャンドルの作品の基礎となる歴史のむしろ「連続主義的な」ビジョンですか?ウィキペディアのエージェントは、通常、非常に警戒し、価値判断(間接的であっても)迅速に調達し、今回は正確な引用がないことを通知する必要があるとは考えませんでした。
[ii] Cf。Deguy, The Odd, Tours, 2000年。
[iii] 特に、デリダ、スペクトル・ド・マルクス、パリ、1993を参照してください。
[iv] ルジャンドルは、古典的な近代の出現から現在の絶対主義まで、特にフランスの経営科学と技術の拡大を説明するために、時代を越える大きなAを持つ行政という用語をすぐに選択します。
[v] 「官僚主義」という言葉はフランスで最初に課せられた、ルジャンドルを思い出します。
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